La lettre d’intention




La lettre d’intention est un document par lequel une personne exprime à un créancier son intention de soutenir le débiteur afin que celui puisse remplir ses obligations. On l’appelle parfois lettre de confort ou de parrainage. Elle est aujourd’hui surtout utilisée en droit des affaire afin qu’une société mère garantisse les dettes de sa filiale.

Celui qui émet la lettre d’intention démontre une intention ferme de s’engager, le destinataire n’a plus qu’à accepter. Ceci permettra au créancier de disposer d’une garantie pour son paiement. Il faudra toutefois, lorsque la lettre est émise par le représentant légal d’une société qu’il obtienne préalablement l’autorisation du conseil d’administration et du conseil de surveillance.

L’auteur de la lettre d’intention peut s’engager à des degrés différents : soit il signe pour une obligation de moyen, et dans ce cas, il sera seulement tenu de mettre tout en œuvre pour s’acquitter du paiement de la créance ; soit il signe pour une obligation de résultat, dans ce cas il lui faudra tout faire pour régler la dette.

En matière de lettre d’intention les difficultés surviennent au moment où celui qui a signé la lettre est appelé à payer. Si le souscripteur (celui qui a signé la lettre) n’exécute pas son engagement ou l’exécute mal, il pourra être tenu responsable pour le paiement de dommages intérêts. La faute imputable au souscripteur sera différente selon l’étendue de l’engagement qu’il aura pris. Lorsqu’il aura signé pour une obligation de moyen, le créancier insatisfait pourra lui reprocher de ne pas avoir mis tous les moyens en œuvre, comme il s’y était engagé, pour acquitter la dette. Dans le cas où l’obligation souscrite est une obligation de résultat, prouver la faute du souscripteur sera plus facile pour le créancier, il lui faudra simplement montrer que les engagements pris dans la lettre n’ont pas été exécutés. Pour obtenir l’engagement de la responsabilité du souscripteur, le créancier devra également démontrer qu’il existe un lien entre le dommage qu’il a subi (le non paiement de sa créance) et le comportement du signataire. Si le souscripteur est déclaré responsable, il devra non seulement s’acquitter du paiement mais également du préjudice qu’aura pu subir le créancier du fait de l’inexécution.

Le souscripteur qui aura payé à la place du débiteur principal, comme le prévoyait la lettre d’intention, pourra exercer trois recours :
• Il pourra tout d’abord agir contre le débiteur principal. Celui-ci devait payer la dette mais le souscripteur l’ayant fait à sa place, il est tout naturel qu’il puisse agir contre lui pour obtenir le remboursement de ce qu’il a payé.
• Le second recours est le recours subrogatoire. Le souscripteur désintéresse le créancier ce qui lui permet de prendre sa place. Ainsi, le souscripteur prend la place du créancier et peut exercer toutes les actions que celui-ci pouvait exercer à l’origine. Il pourra donc à son tour se retourner contre le débiteur principal afin d’obtenir ce qu’il a payé à sa place.
• Le dernier recours possible pour le souscripteur serait le recours fondé sur le principe de la gestion d’affaire. La gestion d’affaire consiste à ce qu’une personne (le gérant) intervienne de sa propre initiative dans les affaires d’une autre (le géré) afin de lui apporter son aide. Les actes réalisés devront avoir été utiles pour que l’on puisse parler de gestion d’affaire. Le géré a l’obligation d’indemniser le gérant de tous les actes qu’il aura accompli (à condition que ceux-ci aient été utiles et nécessaires). En appliquant cette théorie au cas de l’exécution d’une lettre d’intention, on pourrait envisager que le souscripteur ayant payé à la place du débiteur principal puisse se prévaloir du principe de la gestion d’affaire afin d’obtenir le remboursement des dépenses engagées.

Rechercher parmi les articles juridiques